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l'artiste et son oeuvre

Peut-on faire entrer tout l'Orient dans un espace pas plus grand qu'une carte postale? A ce défi Nathalie Lamendin répond en revisitant un genre initié par les primitifs flammands: le microcosme qui tient dans un mouchoir de poche, un condensé de natures, de lieux, de moments, un monde clos seulement porté à l'existence par la force de l'évocation. Chemins sinueux, ponts et rivières, personnages minuscules se pressent dans un espace contracté dont on aurait aboli la distance entre les objets qui l'habitent. Cette vision holistique de la représentation du monde traverse l'histoire de la peinture jusqu'à nous.

L'Orient, donc: La présence arabe en Andalousie mais aussi le Maroc sont les sujets de prédilection du peintre qui nous propose une immersion dans l'athmospère et les senteurs de cette civilisation islamique avec ses raffinements, ses éclats de couleurs tantôt violents tantôt délicats. L'artiste ne décrit pas: on chercherait vainement à reconnaître un lieu précis; tout au plus est-on conduit à envisager des éléments d'architecture avec leurs cintres si caractéristiques qui viennent rythmer l'espace, des ondulations obstinées d'une ligne: horizon du désert et motifs de tapis...etc...et c'est en celà que réside la force de l'oeuvre: évoquer par la seule puissance du signe graphique minimal le fragment, l'amorce d'une forme. L'Orient à l'état essentiel en somme. (on pense à paul Klee)

Ces paysages-fenêtres nous parlent: depuis Delacroix et ses femmes d'Alger nous avons tous en tête cet univers si proche et si lointain qui fait partie de notre patrimoine, il est présent dans notre conscience au travers d'une tradition picturale: l'orientalisme.

Tous ces espaces contigus de différentes tailles comme des morceaux de mosaïque romaines nous emportent en autant de lieux cachés, portes ouvertes sur l'intime, que nous parcourons inlassablement dans toutes les directions à la découverte d'arrière-mondes mystérieux. Tous ces morceaux de vie enchâssés côte à côte dans un cadre si léger nous regardent, nous font signe et induisent en nous une petite musique qui fait son chemin d'un air entêtant, nous nous souvenons longtemps de ces tableaux après les avoir vus.

Un peintre prometteur à suivre...

 

Michel Guerini

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